Dans le cadre des cours d’aquarelle que j’avais suivi (une petite trentaine de séances), il nous était parfois proposé une nature morte. Ou une étude documentaire… Et parfois il nous fut proposé de réaliser une aquarelle à partir d’une photo. C’est le cas ici… Dans mon précédent article, j’ai indiqué que, dans mes « stratégies de succès »1, il y a la notion de « difficulté » ET aussi de « défi ». Aussi ai-je choisi de peindre des nuages. Il est vrai que j’affectionne les nuages, les brouillards, le flou, le dégradé… Et il parait que ce serait difficile ?
Interpréter une photo, c’est important !

J’ai choisi cette photo du mont Huangshan, une montagne de Chine.
Je trouve belle cette photo. Et il y a des nuages…
En principe, quand on utilise une photo, elle n’est pas libre de droit. De droit d’utilisation… Sauf si on part d’une photo pour l’interpréter. Comme, en littérature par exemple, où on peut lire des variantes, des interprétations de Roméo & Juliette, ou du cycle Arthurien… Ou comme en Chine, qui a beaucoup emprunté à l’Occident, pour les traités d’anatomie artistique, par exemple…
Et j’ai pensé que cette photo allait me laisser une certaine liberté d’interprétation ! Car j’avais envie de l’interpréter !
Les premières sous-couches, en « mouillé sur mouillé » !

J’ai commencé par poser quelques masses de couleurs diluées. Essentiellement en « mouillé sur mouillé », comme je l’ai expliqué dans le précédent article…
Cela correspond aux sous-couches nommées « jus » en peinture à l’huile. Des « jus » qui sont de la peinture à l’huile diluée à l’essence. La comparaison s’arrête là…
Sur la photo, le plus foncé est au premier plan.
Et les plans très lointains sont un peu plus pâle.
Et le plus pâle est le plan intermédiaire…
Première version de l’aquarelle : est-ce finit ? Non !

Contrairement à la photo, j’ai décidé que chacun des plans soient de plus en plus clair, du proche au lointain. Ce qui n’est pas tout à fait le cas dans cette première version.
En effet, j’aurais pu décidé que cette aquarelle était… terminée. Hors, Romain, un de mes condisciples, m’a parlé du principe des trois lointains dans les aquarelles Chinoises !
Le principe est de donner un effet d’éloignement en ayant « trois lointains », donc trois plans, pour donner une impression de profondeur de champs. Premier plan, plan intermédiaire et plan lointain.
Fort de cela, j’ai observé plus attentivement le résultat, et, en effet, j’ai vu que la partie la plus éloignée avait quasiment la même valeur que les crêtes intermédiaires.
J’ai donc décidé de « laver » légèrement les crêtes les plus éloignées.
Que signifie « laver une aquarelle » ?
Laver une aquarelle signifie éclaircir une partie d’une aquarelle.
Comment laver une partie d’aquarelle ?
Comment ? En « peignant », avec de l’eau, la partie à éclaircir ! Puis en posant un « tissu » absorbant (« Sopalin » ou un équivalent). Surtout sans frotter ! J’ai bien écrit « poser ». En appuyant fort, sans bouger le « Sopalin ». Et recommencer avec un pinceau chargé d’eau, jusqu’à arriver à la valeur souhaitée.
Pourquoi ne pas frotter la surface lavée ?
Il est essentiel de ne pas frotter la surface, car elle est mouillé. Et si on frotte une partie mouillée, il y a un très grand risque d’abimer la surface ! Auquel cas, les dégats sont irrémédiable… En conclusion, je déconseille fortement de frotter un papier mouillé !
Deuxième version de l’aquarelle de la montagne, avec un lointain plus pâle

En ayant lavé le plan très lointain, j’ai trouvé que cela donnait mieux l’effet d’éloignement du très lointain…
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Concernant l’interprétation, j’ai supprimé les détails en bas à droite. Et j’ai « gommé », modifié les reliefs de la montagne… Et fait en sorte d’inverser les plans, en veillant à ce que chaque plan soit bien distinct de précédent.
De plus, j’ai eu envie que le premier plan se détache plus. Pour cela, j’ai intensifié les couleurs du premier plan.
Troisième et dernière version de l’aquarelle de la montagne, avec un premier plan plus contrasté

Cette fois, j’ai décidé d’arrêter… Car il me semble que j’ai obtenu « mes trois lointains ».
Et que chaque plan est « lisible »…
Merci de me donner votre avis… Que pensez-vous que tout cela ?
Richard Martens (;-{D}
Texte version 1.1
Note
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- Stratégie de succès : c’est un ensemble d’étapes inconscientes que nous mettrions en pratique pour « réussir » (« succès ») ou « rater » (« échec ») ce que nous entreprenons. Je mets évidemment des guillemets pour faire ressortir le relatif de ces mots.